Seyni Moumouni, Directeur de recherches en civilisations et histoire des idées de conseil Africain et malgache pour l’enseignement supérieur (CAMES), et un spécialiste des manuscrits de l’Afrique subsaharienne et de l’Islam. Directeur de l’Institut de recherche en sciences humaines (I.R.S.H.) de l’Université Abdou Moumouni de Niamey au Niger. Coordonnateur de la prospection, l’acquisition, la préservation et la valorisation des manuscrits anciens du projet Niger. Membre correspondant de la sous-commission de l’UNESCO sur l’Éducation et la recherche ; membre affilié de l’Union académique internationale (UAI) ; expert du Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur (CAMES) ; expert dans les bibliothèques de manuscrits anciens en Afrique de l’Ouest. Parmi ses publications : Histoire de Sinder, les manuscrits de la vallée du fleuve Niger (maison d’édition de l’Académie slovaque des Sciences, 2017), Le temps des Oulémas : les manuscrits africains comme source historique ; études nigériennes, Niamey, 2009 ; Vie et œuvre du Cheikh Uthman Dan Fodio 1754-1817. De l’Islam au Soufisme (L’Harmattan, 2008).
Résumé: Tradition manuscrite en Afrique
Les manuscrits anciens sont issus de structures savantes organisées dans de nombreux centres historiques tels que Tombouctou. Somme de connaissances transmises de génération en génération, ils renferment des informations précieuses et constituent une référence essentielle dans le domaine de la pensée, de la religion et de la création de liens sociaux et familiaux. En Afrique, l’écriture et plus encore le texte manuscrit imprègnent le tissu social et participent à la construction historique, culturelle et éducative de diverses manières. Le manuscrit objet domine les émotions, les idées et soude les individus. Comme dans toute tradition manuscrite, la tradition manuscrite africaine matérialise la parole à même temps qu’elle lui assure sa durée, c’est-à-dire sa conservation et sa transmission. Ainsi, en Afrique occidentale, dans l’immense Sahara et presque tout au long du fleuve Niger, de la Guinée au Nigéria, en passant par le Mali, le Niger, de la Guinée à l’Océan Atlantique, en passant par le Sénégal et la Mauritanie, les sociétés furent imprégnées par la culture écrite. Le besoin d’écrire et de posséder des manuscrits devinrent un signe de distinction sociale. Enseignants, élèves et étudiants possédaient des manuscrits qu’ils recopiaient ou achetaient pour leurs études. La fierté d’un érudit se mesurait au nombre de manuscrits de sa bibliothèque. Cette contribution vise à faire l’histoire de la mise en place d’une tradition manuscrite en Afrique et particulièrement en Afrique de l’ouest.